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Biron, C., 1703. Curiositez de la nature et de l'art, aportees dans deux voyages des Indes; l'un aux Indes d'Occident en 1698 & 1699 & l'autre aux Indes d'Orient en 1701 & 1702. Avec une relation abregee de ces deux voyages. Paris, Jean Moreau, pp. i-vi, i-xxvi, 1-286

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Location: World
Subject: Text as original
Species: All Rhino Species


Original text on this topic:
[1703: 183]
VIII. Le Rinocéros
Le Rinocéros que quelques-uns nomment le boeuf d'Egipte ou le taureau d'Etiopie, est grand à peu-près comme un Elefant; & ressemble à un Sanglier, plus qu'à tout autre animal. Il a une corne sur le bout du nez, d'où il prend son nom de Rinocéros. Cette corne est longue comme la main. Pline dit que cet animal aiguise sa corne contre les rochers, quand il veut combattre contre quelque éléfant. Il est surprenant qu'après que Pline a dit, que le Rinocéros n'a qu'une corne; lui à qui cet animal ne devoit point être inconnu, puisqu'aux jeux que l'on donnoit au Peuple Romain, on
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faisoit souvent paraitre des Rinocéros dans les amphitheatres, il se trouve des gens qui veulent qu'il en ait deux. Sa peau est très-épaisse, très-dure, & charger d’une espèce d’écailles, qui la rendent impénétrable même aux Sabres du Japon, dit Bontius. Il y en a un assez grand morceau au Cabinet de sainte Geneviève, où l'on garde encore deux cornes, & une queuë de ce monstrueux animal.
On se sert en médicine de son sang, pour fortifier le coeur, pour toutes les maladies contagieuses; parce qu'il excite fortement la sueur. Il fait cesser le cours de ventre, purifie le sang, & arrête les pertes de sang immanquablement.
De sa corne on en fait des tasses pour boire, afin de se préserver du mauvais air en tems de contagion.
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A l'égard de la dent, on dit que si dans les plus fortes douleurs des dents, on aplique la dent de Rinocéros à la dent qui fait soufrir, le mal cesse aussitôt.
Wormius, qui rapporte cela, ajoute qu’il n’en a point fait l’expérience. Pour moi j’ai dessein d’en faire l’épreuve à la premiere occasion qui se présentera. Ce que je sai, c’est que quoique les Rinocéros ne soient pas rares dans l’Orient, on le laisse pas d’y estimer prodigieusement les cornes de cet animal. Il y en avoit six dans le présent, qui le Roy de Siam envoya en France en 1686. Il ne faut pas ici dissimuler que M. Rédi ne fait aucune estime de ces différens partis du Rhinocéros.
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Voice comme il en parle. Que ne dit-on point de la vertu de la cone du Rinoceros? on assure qu’elle est capable de défendre le coeur, & la vie de l’homme entre l’action de quelque poison que ce soit. Cependant, moi qui ne parle qu’après les experiences qui j’ai faites, je n’ai pas trouvé la moindre apparence de cette vertu, & spécialement à l’égard du venin des Vipères & des Scorpions de Tunis. Attamen ego hactenus ne minimum quidem ejusdem effectum vidi, Experiment nat. pag. 141. M. Rédi ne trouve pas plus de vertu dans le sang & dans les dents du Rinoceros. Il n’est pas hûreux dans ses expériences. Peut-être n’a-t-il pas eu ces choses-là de bonne main; ou
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bien il les a euës trop surannées. Les vertus des drogues se dissipent avec les sels volatils, qui s’en séparent incessamment par l’evaporation.
Quand on entre dans la boutique d’un Droguiste au Printems, on s’aperçoit bientôt de l’étrange dissipation, qui fait la chaleur naissante de la faison dans toutes ces drogues, qui exhalent une odeur, don’t on est incontinent entêté, si on est sujet au vapeurs. Quelles pertes? Quels éecoulement de vertu? Et que peut-on attendre de bon de drogues, sur lesquelles cinq, ou six Etez de suite ont fait de si violents ravages? Franchement il y a à trembler pour des malades, qui prennent des drogues, où il ne reste plus peut-être que les mauvaises qualitez.
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Les matieres medicales, dit M. Boyle, changent incessament avant même que d’être vieuilles; & je pourois montrer aux Curieux combien les feüilles d’une même plante chengent de vertu en un instant. Dans un certain tems de l’année j’en tire par la distillation un esprit acide, & dans une autre faison il n’en vient point du tout; mais au contraire un esprit urineux, &c. Simpl. med. tilitas & usus, pag. 49.
Cependant il est parlé avantageusement de la corne & des autres parties du Rinoceros dans les Réponses du Chevalier Philibert Vernati, Résident à Batavie, dans l’Isle de Java, aux demandes que lui avoient faites Messieurs de la Société Royale d’Angleterre. Article XX.
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On demande si l’animal nommé Abados, ou le Rinocéros n’a pas des dents, des ongles, la chair, le sang, & la peau, même ses excrémens, aussi-bien que ses cornes, qui sont au tant de différents antidotes? ou si les cornes de ces animaux sont meilleures selon la nourriture don’t ils usent? Reponse. On tiens que leurs cornes, leys dents, leurs ongles, & leur sang sont des antidotes; & ils ont le même usage dans la Pharmacopée d’Europe. La chair que j’en mangée, est fort douces & fort courte. Quelques jours avant que j’eusse reçu votre lettre, j’en avois un jeune, qui n’étoit pas plus grand qu’un gros chien, qui me suivoit par tout, où j’allois, & qui ne bûvoit que du lait de Buffle. Il a vécu environ trois semaines. Les dents lui commençoient à sortir; il lui prit un flux de ventre, don’t il est mort. Je crois que toute nourriture est indifférente à cet animal, & qu’il mange de toutes choses; puis qu’on ne le voit guere, que parmi des branches sèches, des chardons, & des épines; de sorte que la corne ne tire point sa vertu précisement des choses bonnes, ou mauvaises don’t il se nourit. Voila ce que Messieurs d’Angleterre ont inséré dans leur Histoire, pag. 206.


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