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Mauvillon, 1785. Memoire sur le petit rhinoceros de bronze dans le cabinet de Monseigneur le Landgrave [enleve par Denon]. Kassel, Landesbibliothek der Stadt Kassel, Handschriftensammlung, 2o Ms. Hass. 241, XIV, 2, Bl. 1618r - 1623v

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Location: Captive - Europe
Subject: Text as original
Species: All Rhino Species


Original text on this topic:
Société des Antiquités, Vortrag, 1785

Le petit Rhinocéros de bronze offert aux receherches de la Societé dans la seance derniere, est sans doute qu'une représentation imparfaite de cet animal, mais il n'en est pas moins antique, et qu'il me soit d'abord permis de faire observer que les deux cornes qu'il a sur le nez sont precisement l'endroit ... où il pêche le moins. Non seulement les anciens donnent tantôt une, tantôt deux cornes a cet animal, mais encore les voyageurs et naturalistes modernes s'accordent à dire qu'il y en a deux espèces.
Pline le Naturaliste ne lui donne à la vérité qu'une corne Livr.VIII chap.20. Iisdem et ludis (scil: Pompei Magni) et Rhinoceros unius in nare cornu, qualis saepe visus. Aelien ne parle aussi que d'une seule corne. Mais Martial dit dans une Epigramme du Livre des Spectacles en parlant d'un de ces animaux:
Namque gravem gemino cornu sic extulit ursum,
Iactat, ut impositas taurus in astra pilas.
Soit que se livre soit un ouvrage de Martial qui y décrive les jeux de Domitien, on que ce soit
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un receuil scribé de plusieurs auteurs sur divers. jeux rassemblés par Martial, comme le pretendont quelques savans, l'Auteur quelconque y parle toujours comme temoin oculair, et cela seul prouverait l'existence du Rhinoceros bicornes, n'etant pas possible qu'un homme se tromper sur un fait pareil. Je sais bien aussi que Martial parle ailleurs d'un Rhinoceros unicorne, qui enleva un taureau et le lança à une hauteur prodigieuse, et qu'il y revient souvent, tant cet objet parait l'avoir frappé. Je sais encore qu'on a voulu corriger ici Martial de diverses manières, parce que ceux qui ont expliqué cet Auteur étaient trop peu versés de l'Histoire naturelle, pour savoir qu'il y eut des Rhinoceros bicornes. On leur paserait cela, car il esit ordinaire à ceux qui n'étudient que des mots, comme feraient autrefois la plupart des commentateurs, ... etre assez ignorans sur les ... Mais il se trouve dans d'autres Auteurs des passages, où on donne manifestement deux cornes à ces animaux. Si on s'en rapportait à l'Abbe Gedoyn, dans sa traduction de Pausanias, on pourrait avancer que les anciens attribuent trois cornes à ce grand quadrupède. Voice ce que cet Abbé fait dire Tom.IV p.55 de sa version, à ce voyageur Grec. 'Parmi les curiosités de la
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... de Rome - j'ai vu plusieurs animaux extraordinaires - comme des taureaux d'Ethiopie, autrement appellé Rhinoceros, parceque sur chacune des narines ils ont une corne, et une autre plus petite au dessus sans en avoir à la tête.' Une corne sur chacune des narines et une plus petite au dessus ce sont trois cornes de compte fait. Cependant dans fond c'est pure ignorance du traducteur. Le texte que l'on trouvera ici en note, porte: 'J'ai vu des animaux etc. - appellés Rhinocéros, parce qu'ils ont chacun une corne sur le haut du nez et une autre plus petite au dessus.'
Tous les Rhinoceros que Pausanias avait vu à Rome, étaient donc bicornes comme le nôtre. Mais quand même les anciens Auteurs n'en parleraient pas, les decouvertes et les voyages
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des modernes ne nous permettraient pas douter qu'il n'y en ait de tels. Je ne citerai que Mr. de Buffon Tom VIII p. 334 de l'Ed. la 12me de son ouvrage. 'Il est tres certain', dit cet illustre ecrivain, 'qu'il existe des rhinoceros qui n'ont qu'une corne sur le nez, et d'autres qui en ont deux; mais il n'est pas également certain que cet varieté soit constante, toujours dependante du climat de l'Afrique ou des Indes, et qu'en conséquence de cette seule différence on puisse établir deux espèces distinctes dans le genre de cet animal.' Voy; aussi l'Hist.Gén.des Voy. vol.V Livr.XIII, chap.5, où se trouve l'extrait de la description du Cap de Bonne Espérance par Kolbe. Il y est parlé clairement des deux cornes du Rhinoceros; mais Kolbe les place autrement que ni Pausanias ni l'antique dont il s'agit ici. L'une se trouve selon lui sur le nez et l'autre sur le front en droite ligne avec la premiere. Quoique Kolbe en parle comme témoin oculaire, ce qu'il dit là ne sert qu'à rendre sa bonne foi douteuse. Car dans le Museum Brittannique, on trouve le crâne d'un Rhinoceros bicorne, où la base des deux cornes se voit distinctement, et est placée, commele dit Pausanias et comme nous le voyons ici. Cela condamne Kolbe et justifie l'Ecrivain et l'Artiste ...
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Voila les deux cornes de notre antique suffisamment auctorisées et justifiées, c'est même par là qu'elle ressemble le plus au Rhinoceros. Elle en diffère infiniment presque dans tout le tête, et il se trouve quelques singularités ... d'observation, dans la figure. La principale c'est la tête et surtout la partie antérieure, qui ressemble fort à celle d'un boeuf. Cela me frappe beaucoup plus quand je vis cette figure pour la première fois, que les deux cornes; parce que je savais déjà que cette derniere varieté se trouvait dans cette espèce. J'ose faire observer ici, ... parcequ'elle me parait une preuve de l'antiquite de cette figure. On en trouve manifestement la souce da...
Festus, aisnsi que dans le passage cité de Pausanias. Dans celui-ci ces aniamux sont appelles des taureaux Ethiopiques. Festus, peut-être ou Verrius Flaccus dont l'autre n'est que l'Epistomateur, dit au mot Rhinoceros: 'Rhinocerotem quidam assent esse bovem Aegyptium.' On voit par là que les anciens prenaient d'un commun accord le taureau pour l'analogue connu du Rhinoceros. On ne saurait, je pense, dire à quel usage l'antique dont il s'agit a été faite, si elle a du orner le cabinet d'un particulier curieux, ou si elle a fait partie de quelque monument public. Quoiqu'il en soit, si l'artiste, comme il est tres possible, l'a travaillée sur la description de quelque naturaliste, il n'est pas étonnant que trouvant l'animal
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generalement comparé à un boeuf, ou plutôt nommé, 'boeuf et taureau d'Afrique, avec une ou deux cornes sur le nez', il lui ait donné la tête de ce quadrupède de nos contrées.
Mais il n'est pas néecessaire de recourir à cette explication pour rendre compte de ce défant dans la configuration de la tête de notre Rhinocéros. L'artiste peut bien avoir vu l'animal et l'avoir pourtant faussement executé. Les yeux des Romains leur fournissaient une admirable occasion de vérifier et d'etendre leurs connaissances sur l'Histoire naturelle. Les empereurs obliges d'amuser le peuple, pour le détourner de la réflexion sur le goug insupportable du Despotisme, ramassaient ce que le monde connu avait de plus rare en fait d'animaux, pour le faire paraitre dans le cirque. Mais il faut avouer la verite, les Romains n'en feraient pas l'usage qu'ils auraient peu en faire. Les plus sages, les plus vertueux, et par consequence les plus veritablement savans d'entre eux, esperaient de pouvoir rendre la liberté à leur patrie opprin cabalaient et conjuraient contre les tyrans, et étaient detournér par là d'une etude aussi possible que l'Histoire naturelle. Le reste abratie par le Despotisme n'allait au
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cirque et voyait ces animaux sans reflection. Personne ne demandait aux artistes l'exactitude que l'on s'éxigerait de nos jours; et ceux-ci ne regaidaient ces animaux que superficiellement, content de l'a .. près, lorsqu'ils devaient en executer la figure un façcon ou d'autre.
On le voit par les medailles de Domitien, sur lesquelles le Rhinoceros est representé. Quoique le bon tems des arts du dessien ne fut pas encore tout à fait passé sous cet empereur; quoique les Romains donnassent beaucoup d'attention à avoir leurs médailles bien executées; quoiqu'en fin ce ... eut montré lui même plusieurs de ces betes dans le cirque, les Rhinoceros de ces medailles ont la tête aussi peu conformes au naturel que le nôtre, supposé que la gravure que l'on en trouve dans Spanheim de Usu et Praest. Num. ed.fol. Tom.1 p.189 rende bien les originaux. On n'y voit pas le moindre des replis de la peau, aussi bine que dans celui que nous avons sur les yeux. C'est vrai qu'on pourrait attribuer cela au tems et au frottement, qui les aurait effacés, et dans les medailles, et dans l'antique du Cabinet de notre Souverain. Mais pourquoi nous étonnerions nous beaucoup d'une pareille inexactitude dans la representation de cet animal, mais qu'il n'y a pas trente ans que nous on avons une passablement exacte. Le dessein d'Abert Durer, peintre célèbre, fait sur le Rhinoceros envoyé en 1515 de Camboya au Roi de Portugal, que le célèbre Gesner a inseré dans son Histoire des Animaux, est, si l'on veut, plus surcharge de caracteres ... que le notre,
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mais guère plus conforme au naturel. J'y observe une singularité, qui serait une addition trop audacieuse si elle venait du peintre, c'est une corne, ou vraisembablement une excrescence de chair en forme de corne, entre les deux épaules, à la naissance de la nuque du cou. A moins qu'on ne veuille, ainsi que l'ont fait quelques naturalistes, prendre cela pour une corne, ce Rhinoceros etait unicorne comme celui que l'on a promené en Europe il y a trente ans.
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Quant à la petite figure de cet animal que nous avons devant les yeux, elle a les cornes bien mieux placées, et sa conformité avec les descriptions des anciens ne permet pas, je pense, de douter qu'elle ne soit antique, et faite par un artiste qui avait vu l'animal même, ou qui travaillait sur de fort bonnes indications, quant à sa marque distinctive. On ne saurait non plus douter que ce ne soit un ouvrage Romain, car les Grecs n'ont point connu le Rhinoceros, ce qui se voit, parce qu'Aristote n'en fait la moindre mention, pparceque Pausanias en parle comme d'un animal tout à fait extraordinaire, qu'il a vu parmi les curiosités de la ville de Rome. Quoiqu'on ne puisse pas, je crois, decouvrir précisement, ni dans quel tems, ni à quel usage il a été fait, on saurait presque douter que ce ne soit après Domitien, et avant Caracalla. Le témoiignage d'un naturaliste aussi savant et aussi curieux que Pline, qui parle du Rhinoceros unicorne, comme s'il n'en existait point d'autres, ne nous permet pas de douter, que tous ceux qu'on avait vu à Rome jusqu'à son tems ne fussent unicornes, comme il est arrivé de nos tems, que l'Europe n'en a vu que de cette espèce. A en juger par l'epigramme de Martial, Domitien
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a montré un Rhinoceros bicorne au Cirque, qui est vraisembablement le premier. Ils doivent être devenus plus communs ensuite, puisque Pausanias qui écrivait sous Marc-Aurèle, ne parle que de ceux de cette espèce, et dit en avoir vu plusieurs. Ainsi notre Rhinocéros ne peut pas être antérieur à Domitien, il ne saurait non plus être de beaucoup posterieur à Marc Aurèle; parce qu'alors toutes les sciences et tous les arts tombèrent dans l'oubli et que les jeux perdirent leur splendeur. Nous voyons effectivement que moins d'un siecle après ce tems là, qui est a peu près celui, où ecrivait Festus, la mémoire du Rhinoceros était si bien effacée à Rome, que cet Auteur en parle comme d'un être que personne n'a vu. Il y a des gens qui pretendent, dit il, que le Rhinocéros est un Boeuf d'Egypte. On voit bien que je regarde cet article du Rhinocéros comme une addition de Festus à ses extraits de Verrius Flaccus. Ce dernier n'a pu parler ainsi du Rhinocéros par deux raisons. La premier c'est qu'il faut qu'il ait connu cet animal. Coelius Rhodiginus dit que le premier Rhinocéros que l'on ait vu à Rome, fur montré
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par Auguste lorsqu'il triompha de Cléopatre. C'est un homme, si savant, que quoique moderne, on le cite communément comme une source. Mais je n'ose admettre ici son autorité, fondée, si je me trompe sur un passage de ... Cassius, contre le temoignage exprès de Pline, qui dit livre VIII ch. 20 que Pompée fit voir le premier Rhinocéros aux Romains. Quoiqu'il en soit, il est toujours sûr, que Verrius Flaccus, homme de conséquence et litteratuer estimé de la cour d'Auguste, devait connaitre le Rhinocéros, et en parler autrement. En second lieu, Verrius ne pourrait guères parler du Rhinocéros, dont aucun Ecrivain Romain n'avait encore fait mention de son tems; dans un ouvrage destiné à expliquer les mots et les expressions surannées et diificiles dans les Ecrivains Latins anciens rélatives à lui. Mais quand même, par impossible, ce passage sur le Rhinocéros aurait passé de Verrius dans Festus, si la mémoire de cet animal n'avait pas été entièrement effacée du tems de ce dernier, il aurait ajouté quelque chose à ce qu'en disait son original. Cet évanouissement si prompt et si total de l'idée d'un animal, prouve qu'on n'a pas pus songé à en consacrer la mémoire, dès qu'il a ... de frapper les yeux, et fixe très vraisembablement le tems où cette représentation en a été faite, pour avoir été celui où les Romains envoyaient souvent dans le Cirque, ce qui convient à l'epoque que nous indiquons.
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Enfin quoiqu'il en soit du tems auquel cette figure a été fabriquée, et de son usage, elle n'est pas moins un monument fort curieux des ..., que les anciens avaient sur ce quadrupède énorme, qui n'est encore que très imparfaitement connu.

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